⊹ tabula rasa
▷ Travis est toujours le premier à participer aux festivités de la ville. En effet, c'est le meilleur moyen pour lui de rencontrer du monde, de retrouver des amis, et d'avoir l'impression de vivre dans une communauté soudée. ▷ Travis profite de la vie. Il fume beaucoup, boit jusqu'à oublier son prénom, et ne refuse jamais une soirée en compagnie de ses amis. Et ses traits-là se sont accentués depuis que son meilleur ami lui a appris sa maladie. On a qu'une vie, et il ne compte pas la gâcher. ▷ Ses parents étaient friands des légendes écossaises et toute son enfance se résume aux nombreuses histoires que le couple racontait à leurs enfants. Cela dit, pour lui, ce ne sont que des légendes. ▷ Il lit beaucoup et possède une large collection de classiques qui trônent fièrement dans sa grosse bibliothèque. Il apprécie également pouvoir comparer les bouquins à leurs adaptations cinématographiques. C'est un bon moyen pour connaitre la vision d'un autre sur certains points de l'histoire.  ▷ Son appartement est un bordel sans nom. Eternel gamin, Travis vit encore comme un adolescent, laissant traîner ses affaires sur un sol où gisent des cadavres de canettes et bouteilles d'alcool pendant parfois des jours sans qu'il ne se décide à faire le ménage. Tant que ça ne dérange personne, il ne voit pas l'utilité d'être maniaque. ▷ Il est insomniaque, d'où le fait qu'il donne souvent l'impression de ressembler à un zombie. On dit que ça lui donne du charme, mais Travis a du mal à y croire et préfère raconter à quiconque lui pose la question, qu'il passe ses nuits à bosser sur ses futurs projets de vie. C'est quand même plus classe que d'avouer qu'on a des difficultés à s'endormir. ▷ A vingt-six ans, le jeune homme n'aspire à rien d'autres qu'au bonheur simple. Il se complaît dans sa vie sans problème, distribuant le courrier, passant du temps avec ses amis, observant les filles défiler dans les rues sans se soucier du lendemain, espérant continuer dans cette optique jusqu'au moins sa trentaine bien entamée. Et alors, peut-être, qu'il réfléchira à un possible futur avenir.

⊹ darkness from above
AIMEZ-VOUS VIVRE A KILLIN ? ▷ Evidemment que je l'aime, c'est la ville dans laquelle je suis né, dans laquelle j'ai grandi et fait toutes mes premières expériences. C'est un peu petit, et parfois j'ai de véritables envies de m'évader, mais ça finit toujours par passer, d'abord parce que je n'ai pas vraiment la possibilité de partir, mais aussi parce que je réalise que ma vie est ici. AVEZ-VOUS PEUR DE VIVRE ICI DEPUIS LES DERNIERS ÉVÉNEMENTS ? ▷ Non. On n'est pas non plus à Bagdad. Ce n'est pas bien méchant. C'est juste des gosses qui veulent tester leurs limites. Ca met un peu de piment dans notre quotidien. Killin est un petit village, on n'est pas non plus en pleine guerre civile. Ca passera, comme avec le temps et ça finira forcément par se calmer. CROYEZ-VOUS AUX LÉGENDES ? ▷ Non. On se racontait ce genre de choses dans ma famille quand on était plus jeune. On continue parfois à le faire, pour se remémorer des souvenirs, mais c'est tout. Ce sont des légendes. Elles sont bonnes à raconter aux enfants, et à en faire peur certains. Elles ne servent qu'à distraire, et à faire rêver certains. Elles n'existent pas, ou alors, il me faudra une véritable preuve et alors, on pourra en reparler quand vous voulez.

pseudo ▷ ellis. prénom ▷ jésus. âge ▷ vingt ans. où avez-vous connu le forum ▷ bazzart. autres ▷ j'suis contente de voir le forum de nouveau sur pied et puis, le nouveau header est très beau.     avatar ▷ max irons. crédits ▷ ironsdaily.tumblr

⊹ legends never die
« Bonjour. » Il passe une main sur le visage la demoiselle, range une mèche derrière son oreille, ses yeux ne quittant pas les siens. « Bonjour, » souffle-t-elle dans un sourire enjôleur. Tous les jours, c’est la même rengaine. Le paquet de courrier qui l’attend, les mêmes rues qu’il traverse avec le sourire aux lèvres, les mêmes gens qu’il rencontre, et cette même femme qu’il salue. Tous les matins, c’était la même blonde mystérieuse qui sortait de chez elle à l’instant même où il déposait le courrier dans sa boite postale. Il l’observait disparaitre dans les rues, son sac à la main d’une démarche élégante et déterminée. Le lendemain, le cycle recommençait à n’en plus finir. Ils n’échangeaient rien de plus qu’un sourire, qu’un regard et la politesse d’usage. Il ne connait rien d’elle, seulement un prénom et un nom écrits sur les enveloppes. Parfois, elle était accompagnée d’un homme qui semblait être son fiancé, ou son mari. Il y avait cette aura qui dégageait d’eux, comme si l’amour qu’ils se portaient était une évidence. Peu importe, leur relation lui semble plus bancal que jamais. Elle ne lui aurait jamais lancé un tel sourire ce jour-là si cela avait été le cas. Son regard n’aurait pas tant brillé à la découverte de l’identité du visiteur si matinal. Il n’était pourtant venu qu’avec une seule idée dans la tête. Il n’y avait aucun sous-entendu dans leurs échanges, pas même un petit mot qui aurait pu porter à confusion. Le « bonjour » qu’il lui lançait régulièrement roulait parfois sur ses lèvres comme une douce mélodie, mais cela n’avait aucunement but de la mettre dans son lit. Quand Travis faisait son travail, il le faisait bien. Ce n’était pas le boulot le plus compliqué du monde, et par ce fait, il se faisait un devoir de le faire parfaitement. Mais ce jour-là, il y avait eu ce petit quelque chose en plus. Il y avait eu cette petite étincelle, cette décharge électrique qui s’était propagé dans chaque parcelle de son corps lorsque la porte s’était ouverte. Il ne s’était pas permis de faire le premier pas, mais il l’avait fait. Il s’était approché d’elle, et elle avait sauté sur l’occasion. Elle avait accepté ses bras. La nuit avait été agitée. Travis n'avait pas une seule fois pensé à la possibilité que son mari puisse faire irruption dans la maison, et encore moins dans la chambre. Ce matin-là pourtant, le retour à la réalité est un peu difficile. En s'éveillant, c'est le portrait du couple posé sur la commode que ses yeux accrochent en premier. Un duo qui parait vivre le grand amour. Heureusement, Rea vient bien vite chasser ses doutes. Son sourire l'incite à rester plus longtemps auprès d'elle. Ils partagent le petit-déjeuner traditionnel de deux amants un lendemain de soirée mouvementée. Il se permet même de faire lui-même le café alors qu'elle prépare la table. L'ambiance est étrange... c'est presque trop simple, comme s'ils avaient toujours été destinés à vivre ensemble. La conversation s'oriente sur leurs passions respectives, dévie sur le film qu'ils aimeraient prochainement voir, se termine sur la vieille dame étrange qu'ils croisent tous les deux chaque semaine. Et le temps passe si vite qu'ils ont l'impression de ne pas avoir le temps de pouvoir pleinement vivre cet instant. Quand vient l'heure du départ, aucun deux ne souhaite retourner à la réalité. « A bientôt... » annonce-t-il en imaginant déjà les retrouvailles du lendemain. Il l'attendra, s'éternisant sur le courrier volontairement, mais elle ne viendra pas. Elle ne viendra plus.

(...)

Allongé dans son lit, Travis a du mal à réaliser la grande nouvelle qu'on lui a annoncé. Ca fait des semaines qu'il tourne en rond, sans savoir comment se comporter. Il va crever, qu'il ne cesse de se répéter. Et depuis des jours, c'est la même conversation qui revient hanter son esprit comme un vieux disque rayé. Il cherche un possible sous-entendu dans les mots de son meilleur ami, des mots à double-sens qui lui prouveraient la mauvaise plaisanterie, mais y'a rien qui puisse lui montrer le contraire. Putain, il va crever, et il ne pourra rien faire pour le retenir un peu plus. L'idée même de perdre l'un des êtres les plus chers à son cœur lui est inconcevable. Son frère, bordel. Il aurait préféré qu'il se barre loin d'ici, qu'il l'abandonne dans cette petite ville pour vivre la grande aventure, le narguer avec les jolies américaines et les folles soirées plutôt que de terminer dans un trou sans retour. Il lui en aurait voulu pendant quelques temps, il aurait filtré ses appels quelques jours, mais sa colère aurait fini par disparaître. Il se serait réjoui de le voir heureux, ailleurs. Il se serait remis de son départ.  De sa mort, ça, jamais. Et ça fait des semaines que ça dure. Des semaines qu'il se pose des questions par milliers. Pourquoi lui? Et pour combien de temps encore? Combien de temps leur reste-t-il? Combien de temps avant qu'il ne perde l'un de ses frères? Travis ne se voit pas continuer sans Asher. Il ne veut pas continuer sans lui. Ils ont grandi ensemble, ont fait les quatre cent coups ensemble. Il a été l'un de ses premiers amis, le premier à qui il a ouvert les portes de sa demeure. C'est le premier à avoir rencontré les Mulready au complet, à avoir passé la nuit à chahuter avec eux quand les parents tentaient de dormir en paix dans leur chambre. Le premier qui lui donnait la sensation d'être en vie, pour de vrai. Les souvenirs de leurs escapades nocturnes sont encore ancrés dans les rues de Killin. L’année dernière, ils étaient encore à fumer une cigarette dans un quartier illuminé par les étoiles. Ils discutaient du client qui avait essayé de péter le nez de Travis après une remarque déplacée. Heureusement, Asher avait réussi à l’arrêter avant qu’il n’abîme le joli visage de son meilleur ami. Qui d’autres pour pouvoir le défendre? Personne ne pourrait le remplacer. Leur duo restait encore gravé dans les esprits de certains. Travis, il se souvient des journées où ils couraient à en perdre haleine pour échapper aux gens qu’ils avaient piégés avec leur nouvelle trouvaille. Parfois, il avait même cru perdre un poumon tant ils ne cessaient de traverser la ville à tout bout de champ pour sauver leur peau. Il se souvient des rires qu’ils avaient échangés après avoir actionné volontairement l’alarme d’incendie de leur école. Ils n’avaient jamais cessé de nier de l’avoir fait, chacun protégeant l’autre, accusant en chœur la même personne, celle qui avait poussé Asher, se pensant probablement plus fort qu’eux. La vérité, c’est que personne ne pourrait jamais les surpasser. Ils étaient si complémentaires que l’évidence sautait aux yeux. Aucune amitié n’était à la hauteur de la leur. Ou presque. Travis a la désagréable impression d’avoir perdu cette personne depuis bien longtemps. Asher, il est mort dès l’annonce de sa condamnation. En face de lui, ce n’était plus son frère d’armes qui lui faisait face, mais bien un malade. Un simple malade, qui perdait son temps à attendre son heure. Il n’y avait plus rien dans ce bar, il n’y avait que cet inconnu qui buvait un verre avec lui. Les deux voisins de palier qui se lançaient de petits sourires timides n'existent plus. Alors Travis, il a fini par partir et par ne plus revenir. Il n’a pas su comment réagir, ne sait toujours pas comment agir avec lui. Au fond de lui, il le sait pourtant, que c’est toujours le même. Il a cette même belle gueule qu’il affiche depuis les premières années. Les mêmes traits, les mêmes cicatrices qu’ils partagent tous les deux – faut dire qu’ils étaient toujours les premiers à jouer les cascadeurs surentrainés – alors pourquoi est-il si mal à l’aise à l’idée de passer du temps avec lui? Travis passe une main sur son visage, roulant des yeux une énième fois. Aujourd'hui encore, il ne compte pas lui rendre visite. Il n'est pas prêt. Il ne le sera jamais.