⊹ legends never die
L'histoire de Travis est relativement libre, il y a cependant quelques points à respecter.

01. Il doit être né et avoir passé toute sa vie à Killin, par choix ou non. L'important est que Travis est coincé ici, il est peu probable qu'il quitte ce village, que ce soit par choix ou parce qu'il n'a pas d'autres opportunités ailleurs.
02. Sa maison était voisine à celle d'Asher, c'est ainsi qu'ils sont devenus amis.
03. Quand Asher lui a annoncé qu'il quittait Killin pour San Francisco, il l'a très mal pris. Asher est resté ici jusqu'à la mort de son père et quand celui-ci est décédé, il a déclaré que plus rien ne le rattachait ici. Travis a eu l'impression qu'il l'oubliait.
04. Il était ravi quand Asher a dû reporter son voyage, mais il prend très mal la nouvelle de la maladie de ce dernier.

⊹ you and i
Réunis sur le perron de la maison familiale des Callahan, les deux hommes sirotent une bière amplement méritée compte tenu de la chaleur qui règne en ce mois d’août. Une bière qui est d’autant plus acceptée puisqu’elle marque la séparation entre Asher et Travis, un événement difficile pour l’un comme pour l’autre. Ils se remémorent leurs souvenirs respectifs avec une pointe non dissimulée de nostalgie. La fois où ils ont volé la voiture du père de Travis pour aller faire un tour à l’extérieur de village et qu’ils ont fini au poste après un contrôle d’alcoolémie qui ne laissait pas de douter quant à la folle soirée qu’ils avaient passé. Il y a aussi le jour où, en primaire, ils avaient redécoré le plafond de la salle de classe en faisant un concours de celui capable d’envoyer de la peinture le plus haut possible. Et cette fois, au lycée, où ils avaient fini chez le proviseur après qu’ils soient arrivés complètement stone en cours et qu’ils n’avaient rien trouvé de mieux que de proposer un joint au grand patron. Ils en avaient des souvenirs, par centaines. Mais aujourd’hui, c’est le dernier. Parce qu’Asher, après la mort de son père et dernier parent qui le maintenait ici, a envie de liberté et s’apprête à s’envoler, dans quelques jours, pour San Francisco où il commencera une nouvelle vie. Sans Travis. « Tu vas me manquer, sale enfoiré. » Travis n’est pas du genre à s’empêcher sur ses sentiments. Mais son meilleur ami va lui manquer, atrocement. Et c’est sa façon de le lui faire comprendre. « Je reviendrais te voir, faut bien que je fasse une bonne action de temps à autre. » Lâche Asher d’un air faussement blasé. Ouais, Travis va lui manquer. Beaucoup plus que ce qu’il ne pensait.  « Non, tu reviendras pas. » Il n’a pas tort. Travis est la seule chose qui le retient ici. Et même s’il sera toujours profondément attaché à son ami, il est probable qu’il disparaisse de ses pensées quand il étendra son cercle de connaissances, à San Francisco. Ce qu’aucun des deux ne savait pas encore, c’est que le départ serait remis à plus tard.

Il a donné rendez-vous à Travis dans l’un des seuls bars de Killin où la moyenne d’âge approche plus de la trentaine que de la soixantaine. L’ambiance est, comme d’habitude, relativement calme. Quand Travis franchit la porte, Asher ne parvient pas à l’accueillir avec un sourire ni avec une frappe sur l’épaule. Le premier comprend rapidement que son meilleur ami a quelque chose à lui annoncer. Il a la mine sombre, celle des mauvais jours, celles des mauvaises nouvelles. Ils ne commandent même pas à boire, Asher préférant être débarrassé de ce point le plus rapidement possible. Il a un glioblastome. Tumeur incurable du cerveau. Espérance de vie de deux ans, si les traitements palliatifs parviennent à lui faire du bien. Sinon, quelques mois tout au plus. « Putain, tu déconnes, pas vrai ? » Déclare finalement Travis, après un silence pesant de plusieurs minutes, le temps pour lui de digérer la nouvelle. « Je vais crever, Travis. Faudra t’y faire. » Les deux hommes n’ont jamais été du genre à s’empêcher sur leurs sentiments l’un envers l’autre. Ils sont meilleurs potes, ils crèveraient l’un pour l’autre, mais pas question de le dire à voix haute. Alors Asher se contente de ce commentaire détaché. Nouveau silence. Pesant, encore une fois. « J’suis persuadé que t’arrivera quand même à me faire chier depuis l’au-delà. » Il esquisse un mince sourire à l’attention de son meilleur ami, mais pas un sourire ravi, un de ceux triste et qui vous brise le cœur. La vérité, c’est que la nouvelle est bien trop dure à encaisser pour qu’il puisse faire le moindre commentaire un peu plus philosophique. Travis garde espoir qu’Asher se mette à rire aux larmes pour lui annoncer que tout ceci n’est qu’une blague, de mauvais goût, certes, mais une blague quand même. Sauf que le rire n’est jamais venu. Ni durant cette soirée, ni après. Si Asher n’arrive pas à accepter cette maladie qui le condamne déjà, Travis n’arrive pas à accepter la perte prochaine de son meilleur ami qu’il a appris à considérer comme un frère au fil et à mesure des années. Il aimerait pouvoir le voir comme son meilleur ami, mais il ne parvient qu’à le voir comme étant un malade dont les jours sont comptés, avec une certaine pitié dans les yeux. Pourtant, il sait qu’il est la seule personne susceptible de changer les idées de son ami et de l’aider à partir sans regrets.